J'ai lu : pour l'amour des miens
Je n'ai pas lu, mais dévoré, le témoignage bouleversant d'Anne Alassane.
Le nom de cette jeune femme ne vous dira peut-être rien, à moins que vous ne soyez adapte des émissions culinaires, de Masterchef en particulier. Car Anne, qui vit à Montauban, a été le premier vainqueur de cette émission.
Je ne la connais pas personnellement, j'ai seulement eu l'occasion de la rencontrer lors d'animations locales.
Avant de lire son livre, j'en connaissais malheureusement la teneur, le drame qui est venu ternir son beau succès professionnel et briser sa vie.
Dans "pour l'amour des miens" Anne en parle à coeur ouvert, en maman dévorée par le chagrin et la culpabilité.
Anne dit, Anne raconte : son enfance et son adolescence insouciante et heureuse en Afrique, sa difficulté à vivre en France ; elle dit ses espoirs et ses désillusions professionnelles, ses difficultés financières, ses amours déçus, l'échec de ses deux mariages, et ses 6 enfants !
Après deux tentatives de création de clubs équestres, Anne décide de racheter la maison de sa grand-mère, à Montauban, et de la transformer en ferme auberge. Elle est submergée par les difficultés, les factures... Il lui faut de l'argent pour venir à bout de son projet. C'est ainsi que, sans trop y croire, elle s'insrit aux sélections pour l'émission "Masterchef"
Avec Anne, on découvre les coulisses et la réalité de l'émission : la difficultés des défis, la pression permanente pour être au top, les relations entre les candidats, les allers-retours, les absences.... Bien que doutant d'elle et fragilisée par l'absence et le manque de ses enfants, elle est motivée : elle veut gagner, elle en a besoin !
Le 4 novembre 2010, à Paris, en direct, on annonce le résultat de plusieurs mois de travail et de suspense : Anne Alassane est le Masterchef 2010, le premier masterchef de France.
Envolées les difficultés financières, mais Anne entre alors dans un tourbillon d'obligations, de formation, de rendez-vous à honorer, de déplacements qui la tiennent souvent éloignée de sa famille, de ses petits.
Mais sa nouvelle notoriété booste son entreprise : les clients arrivent à la "Pays'Anne". Anne peut reprendre sa vie en mains....
Et puis le 2 janvier 2012, c'est le drame : la maison n'est pas vide, Anne est chez elle (heureusement) et chacun vaque à ses occupations... un allume-gaz n'a pas été remis à sa place. A l'étage deux petites filles jouent sous un lit.... comprenant qu'elles ont fait une bêtise, elles se cachent dans un placard... C'est là qu'on les retrouvera, asphixiées par la fumée. Mortes. Toutes les deux. Louise avait 4 ans, Rose 2 ans...
Submergée de douleur, Anne sombre. Au fond du trou, tout se mélange dans sa tête : son chagrin, sa culpabilité, sa croyance en Dieu...
Pourtant au bout du désespoir, il y a une étincelle, celle de l'espoir, de la vie. Anne s'y accroche, pour continuer à vivre, pour avancer, pour ne pas faire souffrir davantage les enfants qui restent et ont besoin d'elle...Pour l'amour des siens...
Avant de lire le témoignage d'Anne, je connaissais bien sûr le drame qui a bouleversé non seulement la région de Montauban mais aussi le monde de la télé et de la cuisine ; je connais aussi la suite de l'histoire... mais j'ai été bouleversée par la façon dont Anne la raconte, en toute simplicité, en toute lucidité, sans chercher à se justfier, sans se "faire de cadeau"
Quelques phrases du prologue, pour en sentir le ton
"Quelle mère ai-je été avant de vous perdre ? une mère aimante, tendre et dévouée, soucieuse de votre bien être, même si j'en conviens, le quotidien m'a toujours trop accaparée... un peu absente donc, comme des millions de femmes de par le monde, ce qui n'en fait pas pour autant des mères indignes.... Je suis comme toutes les mères : imparfaite....."