Un samedi après-midi....
Ce n'est pas vraiment la saison idéale pour des grandes balades mais malgré une météo pas toujours de bonne humeur, on peut encore faire quelques sorties sympas.
Ainsi hier après-midi, nous sommes retournés à Saint-Sulpice-la-Pointe, une petite bastide du Tarn.
Nous y étions déjà venus (ICI) mais n'avions pu visiter le souterrain pour une question d'horaire de visite.
Hier nous étions donc à Saint Sulpice assez tôt pour ne pas rater la première visite.
Le départ se faisant de l'Office du tourisme nous avons pu profiter un peu de ce très beau lieu : un office spacieux, clair, particulièrement bien fourni en documentation de toutes sortes et qui présentait une magnifique exposition de photos de visages.
Mais c'est au sous-sol que nous avons fait une très belle découverte : un petit musée dédié aux métiers anciens.
Quelle surprise de voir le nombre de métiers qui existaient dans ce village !
une fabrique de cintres et porte-habits
une brosserie
une arçonnerie réputée au plan mondial
Les métiers du fil étaient aussi présents, avec une ou des cardeuses
des chapeaux
"La" Singer de ? ?
et je ne pouvais pas passer à côté de l'ouvrage d'une brodeuse professionnelle
On retrouve aussi dans ce petit musée la quasi-totalité du mobilier du coiffeur avec ses petits lavabos individuels et ses nombreuses pubs
Se trouvait également là une belle expo relative à Armand Guibert, poète,écrivain, éditeur, directeur de revues.... mort à St Sulpice en 1990
Son "bureau" qui me semble un peu haut pour un bureau et dont une photo montre qu'Armand Guibert s'en servait comme bar
des documents et de nombreuses photos
Puis arrive l'heure de la visite du souterrain.
S'il existe 350 souterrains refuge répertoriés dans le département du Tarn, celui de Saint-Sulpice est le seul de la région Midi-Pyrénées ouvert à la visite.
Il s'agit d'un souterrain construit au moyen-âge (environ l'an 900) sous la motte castrale, donc sous le château mais au niveau du sol. On ne descend pas sous terre.
L'entrée était défendue par une porte derrière laquelle se trouvait une fosse hérissée de piques ; il fallait donc montrer "patte blanche" pour entrer, donner un mot de passe à travers un trou dans le mur pour que le gardien actionne une sorte de pont levis traversant la fosse.
Ce souterrain servait donc de refuge aux villageois très pauvres mais pourtant régulièrement attaqués et détroussés par des brigands. Il pouvait y vivre pendant plusieurs jours (semaines ? mois ? ) des dizaines, voire une centaine de personnes qui vivaient ainsi en autarcie, sans lumière.
La vie s'y est organisée, dans des pièces à vivre, simplement éclairées par de petites lampes à huile installées dans des encoches du mur.
L'eau, entrée par capilarité, est retenue dans des puits
La nourriture, essentiellement de la viande crue ou séchée et des céréales est conservée dans des sortes de silo sur lesquels veille en permanence un gardien.
En 1240, Sicard Alaman fera construire un château fort et une bastide où seront logés les villageois à qui le seigneur promet une protection, moyennant....
Le souterrain servira alors de lieu de stockage notamment pour les marchandises circulant sur le Tarn, sans doute aussi des armes et de la poudre à canon.
C'est dans ce souterrain que Jeanne de Boulogne et d'Auvergne, Duchesse du Berry viendra se réfugier quand elle quitte son second mari, Georges de la Trémouille, un mari cupide et brutal qui n'en veut qu'à ses terres et son argent et la ruinera.
Dans ce souterrain, Jeanne et les hommes qui l'accompagnent et la protègent, fabriqueront de la fausse monnaie.
Prévenue à temps de l'arrivée de gardes venue l'arrêter, Jeanne s'enfuit et est recueillie par des amis mais on perd définitivement sa trace en 1422.
Dans ce souterrain il fait une température quasiment stable de 14°.
Il faisait nettement plus froid quand nous avons quitté le souterrain.
Pourtant.... il semblerait que le printemps tente une discète arrivée
Mention spéciale
A la sortie du souterrain, nous avons souhaité retourner un peu à l'Office du tourisme, le temps d'oublier un peu le petit vent glacé.
Notre guide du souterrain, une jeune femme charmante, cultivée, intéressante et très disponible pour répondre à nos questions, nous a alors gentiment proposé de nous diffuser un magnifique film sur le pastel, cette plante qui a fait la fortune de la région au 16ème siècle.
Et quelques minutes plus tard, elle nous apportait un plateau avec café et petits gâteaux.
Nous déplaçant beaucoup, de l'Alsace au Pays Basque en passant par la Haute-Savoie ou la Provence, nous avons toujours trouvé un accueil agréable dans les offices du tourisme où nous nous sommes arrêtés.
Mais vraiment, l'Office du Tourisme de Saint-Sulpice-la-Pointe mérite une mention spéciale !