Autour du lac
Nous voici revenus d'une semaine de dépaysement dans les Alpes.
Nous avions choisi comme destination le lac de Serre-Ponçon, situé sur les deux départements des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence.
La résidence de plein air que nous avions choisie est elle aussi "à cheval" sur ces deux départements, le panneau de limite se trouvant face à l'entrée.
Le lac, nous avions la chance de le voir en permanence puisque notre chalet offrait une vue dessus
J'ai passé une semaine à admirer ses rivages et la couleur de ses eaux, lors de mes promenades matinales...
de près....
de plus près encore lors de la promenade en bateau....
ou vu de haut,
le paysage est toujours magnifique.
J'ai pourtant souvent eu quelques pincements au coeur face à cette superbe étendue d'eau.
Ce lac de 20 km de long et 14 millions de mètres cubes d'eau est le résultat d'un barrage créé sur la Durance, dont les crues étaient dévastatrices
Le barrage n'est pas un ouvrage en béton mais le plus grand barrage de terre d'Europe, un barrage en remblai en quelque sorte, mais un remblai aux dimensions impressionnantes : un "remblai" de 650 mètres de long avec 10 mètres de largeur à la crête mais 650m d'épaisseur au pied.
Sans béton, l'ouvrage est conçu pour résister à un séisme de magnitude 7, jamais observé dans la région.
Il permet de réguler les eaux de la Durance et de l'Ubaye, un de ses intrépides affluents, d'irriguer la plaine de la Durance, de fournir de l'énergie électrique et d'alimenter en eau potable la ville de Marseille.
Mais un tel chantier n'a pu se faire sans incidence, notamment humaine.
Les ingénieurs avaient fixé la cote du lac à 780 soit 780 m au-dessus du niveau de la mer. L'équation était simple : tout ce qui était à une altitude supérieure à 780 serait gardé en l'état, tout ce qui se trouvait au-dessous de 780 serait détruit et noyé.
Plusieurs hameaux, la moitié inférieure du village de Prunières et l'intégralité des village de Savines et d'Ubaye ont été de ce fait détruits et noyés.
Savines a été reconstruit sur les berges du lac et a accueilli une partie de la population déplacée.
C'est aujourd'hui une ville "neuve" -inaugurée en 1962- qui porte désormais le nom de Savines le Lac
La chapelle Saint Michel, sur son promontoire, était juste au-dessus de la cote 780. Ses accès ne sont plus visibles mais la petite chapelle est restée là, comme pour rappeler la vie qu'il y avait autour
Elle n'est plus accessible qu'en bateau et est définitivementt fermée.
Mais ce qui me trouble le plus c'est le village d'Ubaye, signalé par ce petit panneau de bois que nous croisions presque chaque jour
Ici, il y avait un village qui comptait en 1950, soit peu de temps avant la construction du barrage (1957-1959) 220 habitants et 11 commerces
Les maisons ont été détruites et l'église dynamitée avant d'être noyés.
Seul le cimetière a été sauvé et déplacé, avec le monument aux morts, de 300 mètres, comme une ultime marque de respect.
Il parait que lorsque le lac est très bas (EDF réalise de très gros pompages l'hiver) on peut apercevoir une voute du lavoir et un morceau de route...
Je n'ose imaginer les drames humains, les larmes versées pour la construction de cet ouvrage gigantesque.
Car en tout ce sont 1500 personnes qui ont été déplacées (j'allais dire déportées) 1500 personnes qui ont dû abandonner leurs maisons, leurs jardins, leurs terres, leurs voisins, leurs souvenirs et tout ce qui faisait leur vie.
Elles ne sont pas complètement oubliées car une association entretient le souvenir en particulier chaque année au mois de juillet, près de la petite chapelle reconstruite près du cimetière et dédiée à Ste Marie-Madeleine.
Mais on ne peut vivre de regret et de nostalgie, et malgré l'intérêt porté à la disparition de ces villages, je dois reconnaître la beauté de ce site, non pas une merveille de la nature, mais un site entièrement créé par l'homme que la nature a parfaitement su accepter et intégrer.
A demain pour quelques découvertes...