14 juillet pas comme les autres
Ce sera cette année un 14 juillet pas comme les autres.
Avec un étrange printemps, un été hésitant, c'est toute l'année 2020 qui aura été une "drôle d'année"
Cette année, pas de défilé interminable où se succèdent tous les corps d'armées, ceux qui sont en mission ici ou là, la légion étrangère, la garde républicaine à cheval, les régiments étrangers invités, les sapeurs pompiers et tous les véhicules militaires, du plus simple au plus sophistiqués.
Cette année on met à l'honneur ceux qui en temps ordinaire "ne sont rien".
Et ce n'est que justice !
Il a fallu un virus, la peur de l'épidémie, le confinement pour se rendre compte que ceux "qui ne sont rien", ces invisibles, sont en réalité ceux qui nous sont indispensables.
Un an de grève, de manifestation dans les services hospitaliers que personne n'a entendu. Il a fallu 30 000 morts pour se rendre compte que notre service de soins était en danger, que les moyens étaient insuffisants.......... et que les personnels étaient des "héros" du quotidien.
Des hommes et des femmes dévoués, altruistes, qui oubliaient la peur légitime, ne ménageaient pas leurs efforts et ne comptaient pas leurs heures pour lutter contre la maladie et sauver des vies, allant parfois jusqu'à oublier leur propre vie pour dormir sur place, pour ne pas véhiculer le virus, pour rassurer les personnes âgées confinées dans les maisons de retraite.
Il a fallu que la vie sociale et économique s'arrête pour qu'on se rende compte du rôle essentiel de celles devant qui on passait trop souvent sans les saluer.
Quand les courses alimentaires étaient devenues la seule -ou presque- sortie autorisée, quand elle était la seule personne avec qui on pouvait échanger quelques mots, même avec un masque, même derrière le plexiglas, on s'est rendu compte qu'à la caisse de nos supermarchés ou de nos supérettes, il y avait des femmes qui venaient chaque jour travailler, sans doute la peur au ventre, parce qu'elles n'avaient pas le choix.
Et parce qu'il fallait bien approvisionner ces magasins, on a aussi compris que les routiers étaient indispensables, des routiers qui ont travaillé dans des conditions particulièrement difficiles avec les aires d'autoroute fermées, l'impossibilité de se doucher, de se reposer, de prendre même seulement un café.
On s'est aussi rendu compte du rôle essentiel de ceux dont le camion nous réveille parfois le matin mais sans qui nos rues seraient devenues d'immenses dépotoirs.
On a applaudi chaque soir à 20h les personnels de soins.
On a pris le temps d'échanger quelques mots avec la caissière du super marché, on a écrit merci sur les poubelles.
C'est bien, mais il ne faut pas que cette reconnaissance s'arrête là.
Même si le virus semble moins actif, si certains pensent que "tout çà" c'est derrière nous, il n'en est rien et ces gens devenus malgré eux "les héros du quotidien" sont toujours là.
Au lieu de s'énerver parce qu'on attend aux services des urgences, pensons que les médecins et les infirmières ne sont certainement pas en train de prendre le café, mais peut-être en train d'essayer de faire repartir un coeur, de sauver un blessé de la route ou de poser un plâtre à un enfant tombé.
Si on attend à la caisse, ce n'est pas parce que la caissière y met de la mauvaise volonté, mais elle ne peut refuser de dire un mot à ce monsieur isolé, ni bousculer la mamie qui a du mal à trouver sa monnaie. Peut-être aussi aurait-elle besoin qu'une collègue ouvre une autre caisse...
Ce camion qui nous ralentit sur la route ne le fait pas pour nous embêter. Avec 20, 30, voire 40 tonnes de marchandises, il ne peut aller plus vite. Depuis combien d'heures le chauffeur est-il au volant ? depuis quand n'a t'il pas vu sa femme et ses enfants ?
Et puis, même si on n'écrit plus merci sur nos poubelles, on peut continuer à faire un signe de la main, un sourire...
Ils ont été, si ce n'est des héros, au moins des gens dont on a eu besoin, qui nous ont permis de vivre au mieux cette période difficile du confinement.
Faisons en sorte qu'ils ne retombent pas dans l'ombre et ne redeviennent pas "ceux qui ne sont rien".