En pays de cocagne
"Le pays de Cocagne", c'est une expression que l'on utilise ou entend souvent, et la plupart du temps à tort.
A l'origine, le "Pays de cocagne" était une sorte de paradis terrestre. Mais nous autres, habitants du sud-ouest, nous savons que le pays de cocagne existe vraiment.
Au 16ème siècle, le sud-ouest, et plus particulièrement une partie du Lauragais, entre Toulouse, Albi et Castelnaudary a tiré sa fortune de la culture du pastel "isatis tinctoria" qui donnait une couleur bleue résistante aux lavages.
Les feuilles de la plante (et pas les fleurs qui ne sont d'ailleurs pas bleues mais jaunes) étaient séchées, broyées et conservées en boules, les "coques" d'où le pays de cocagne
Saint-Sulpice-la-pointe, où je vous emmène aujourd'hui, fait partie de ces villages Tarnais du "Pays de cocagne"
C'est une bastide mais à part les rues tracées perpendiculairement, on n'a pas l'impression de bastide qu'on peut avoir à Lisle-sur-Tarn ou dans ces villages construits autour d'une place centrale à arcades, même s'il reste encore une porte d'entrée dans la ville.
Au centre du village, une église imposante pour un si petit village
avec un clocher-mur difficile à photographier compte tenu de sa hauteur puisque avec ses 40 mètres, c'est le plus haut du Tarn
Peu de maisons à colombages ou très stylées dans le village, mais j'ai bien aimé cette idée de couper le bas de la porte de bois qui permet une vue sur la jolie petite cour
Sur le site médiéval du Castela, un pigeonnier de type Toulousain, récemment restauré
Ce pigeonnier est unique en son genre par le fait qu'il abrite un musée vivant du pigeon voyageur, avec des visites commentées et des démonstrations de vol. Mais en ce début novembre, apparemment ni guide ni pigeons.
Et le château !
Enfin.... ce qu'il en reste !
Ce château a été construit en 1240 par Sicar Alaman, le seigneur local. Pendant les guerres de religions il a été occupé par les protestants avant d'y mettre le feu en 1562.
Lorsque je me suis déplacée dans ses ruines pour faire des photos mon regard s'est porté sur quelque chose qui m'a semblé incongru...
Avez-vous vu le joli fauteuil au centre des ruines ?
Un groupe de photographes avaient choisi ce lieu pour leur travail (stage, thème ? ) alors je me suis faite discrète mais j'aurai bien aimé pouvoir prendre d'autres clichés car ils avaient installé là un canapé, un tapis, de beaux livres et avaient encore près d'eux des chandeliers et un joli tableau. Mais je ne pouvais quand même pas voler leur décor...
Ce que j'aurais aimé voir, c'est le souterrain du Castela. Il a servi de refuge aux villageois face aux pillards et est parait-il encore dans un état de conservation exceptionnel. Dans ce souterrain on nous raconte la vie de Jeanne, la Duchesse du Berry abandonnée par sa mère à l'âge de 3 ans et confiée à Gaston Fébus, cette pauvre Jeanne mariée à 11 ans avec le Duc de Berry qui en avait....50 !
Pour échapper à la brutalité de son second mari (elle était veuve jeune bien sûr) elle est venue se réfugier dans ce château où pour survivre, elle fabriquera sa propre monnaie dans les souterrains...
Malheureusement les heures de visite du souterrain n'étaient pas compatibles avec le moment que nous avons passé dans ce village, mais nous reviendrons.... dès qu'un rayon de soleil nous donnera envie de bouger à nouveau.
Avant de quitter Saint-Sulpice, un petit tour pour voir le pont suspendu qui n'est pas sur le Tarn comme je le croyais, mais sur l'Agout.
Et depuis le pont suspendu, une vue sur un autre petit pont, de pierres celui-là.
Le soleil se couchait déjà lorsque nous avons repris la route vers le Tarn-et-Garonne
A bientôt pour une autre promenade dans la région