A Sorèze : l'Abbaye-école
Il y a près d'une semaine déjà que je vous ai emmené(e)s à Sorèze, et si on a visité le village, on n'est toujours pas rentré dans la célèbre école, qui a fait la renommée de cette petite ville.
L'école, fondée en 754, a d'abord été une abbaye bénédictine.
Pillée et détruite au Xè siècle, elle a été reconstruite, mais détruite à nouveau lors des guerres de religion.
Elle renait au XVIIe, sous le nom de "séminaire", une école destinée aux enfants de familles nobles peu fortunés. L'enseignement n'y est plus fait en latin mais en français (rare à cette époque) et porte notamment sur les mathématiques et les sciences mais aussi sur l'art : dessin, danse, équitation, escrime...
La réputation de l'école et de son enseignement novateur est telle qu'elle sera la première des douze écoles royales créées par Louis XVI.
Pendant la Révolution, les écoles royales sont bien sûr supprimées mais l'école est rachetée et maintiendra son activité.
Enfin en 1854, le Père Lacordaire devient directeur de l'établissemet auquel il va donner un second souffle. La renommée de l'école de Sorèze, dirigée par les dominicains jusqu'en 1978, est telle que les élèves y viennent du monde entier.
Ici sont venus étudier Cafarelli, Simon Bolivar, le Prince Chales-Emmanuel de Savoie, Armand Barbès, et plus près de nous Hugues Auffray, Claude Nougaro, Julien Lepers, les frères Igor et Grichka Bogdanof.....
Elle fermera définitivement ses portes en 1991.
On entre ?
L'école est constituée de 3 bâtiments identitques, autour d'une cour centrale ; le 4ème côté présente une galerie à arcades
Au rez de chaussée, on découvre les "cathédrales", un petit meuble multi-usage crée par un artisan local, à la fois porte-manteau, siège, table de nuit... On en verra d'autres dans les chambres
le costume des Soréziens, et son évolution. A l'extrême droite, malheureusement pas très visible, la tenue féminine car dans ses dernières années d'existence, l'école est devenue mixte
la salle des Illustres, et les 50 bustes d'élèves devenus célèbres,.
le plafond de la salle des Illustres, avec ses croix du Languedoc aux couleurs de la République
Au mur une phrase du Père Lacordaire qui indique clairement qu'on n'est pas là pour rigoler.
D'autant plus que dans celle salle, on lisait chaque semaine en public les résultats scolaires des élèves.
Au rez de chaussée toujours, le sas qui conduit à la chapelle
une chapelle dans laquelle les peintures murales ont été effacées suite à je ne sais quel concile (?)
Un grand escalier mène au premier étage. D'ci la vue est jolie, mais les espaces réservés aux élèves sont nettement plus sobres
Les chambres (j'allais dire les cellules) sont réduites au minimum : un lit de fer, une "cathédrale", un crucifix et un pot de chambre
J'ai eu un petit pincemet au coeur en découvrant que vivaient dans ces conditions des enfants parfois très jeunes
Celle-ci a été reconstituée à la manière des années 60. Au dessous de la photo de Françoise Hardy, figure, comme un symbole, celle de Hugues Auffray..
Certaines photos affichées montraient les élèves à leur toilette et une indiquait que l'école possédait une salle de pédiluves, dans laquelle les élèves avaient obligation de se laver les pieds......... une fois par semaine !
Les choses ont bien changé...
Sur un grand tableau, quelques anciens élèves ont laissé des traces de leur visite, des années plus tard...
La sobriété des salles de classe ne prêtait guère à l'amusement ou à la dissipation. De son pupitre, le professeur avait le regard sur tout le monde
(tiens, il reste un Sorézien ?)
Je vous l'ai dir l'enseignement des arts, et en particulier du dessin, tenait une grande place dans la scolarité et on trouve un peu partout de très nombreux croquis d'élèves, essentiellement des portraits au crayon
Au centre de l 'étage le bureau du Directeur où j'imagine qu'il ne faisait pas bon être convoqué
A cet étage aussi, des souvenirs du Père Lacordaire : son buste, "la Sorézienne" l'hymne de l'école qu'il avait écrit...
Pour être au plus près de ses élèves le Père Lacordaire avait installé son "appartement" près du bureau directorial : une modeste chambre avec un lit en bois, une commode, un prie-Dieu et un autel. Il a vécu 7 ans ici et y est mort en novembre 1861.
A l'entrée de sa chambre, ses chaussures, comme le symbole des traces qu'il a laissé ici.
Déjà beaucoup de choses, beaucoup de photos.
On va arrêter là la visite de l'école et on reviendra demain voir une aile du bâtiment récemment emménaée pour en faire un espace contemporain dédié aux tapisseries de Dom Robert.