Entre honneur et colère
J'ai appris, il y a environ 3 semaines, que j'étais sélectionnée pour figurer dans la rubrique "le Tarn et Garonnais de l'année" de la Dépêche du midi.
En fin d'année, après avoir fait une rétrospective des évènements qui ont marqué le département, le journal met en lumière dix "personnalités" qui ont fait l'actualité. Et les lecteurs sont appelés à voter pour élire "le Tarn et Garonnais" de l'année.
J'ai donc reçu le journaliste chargé de la rubrique, que je connais puisqu'il avait écrit l'article concernant ma nomination à la Légion d'Honneur, et nous avons passé un agréable moment.
Mais les choses se sont gâtées à la sortie de l'article car s'il a voulu faire un trait d'humour, c'est raté et j'ai été profondément choquée et même humiliée par le titre de l'article.
L'article en lui-même est bon, est plutôt fidèle à ce que j'ai pu lui dire dans l'interview mais je ne peux, pour plusieurs raisons accepter un tel titre.
J'ai réagi auprès du Rédacteur en chef du journal avec ce droit de réponse
....
"Je ne suis pas, comme vous l'indiquez en titre de votre article "la grande dame qui aime les taulards". Je trouve ce titre, qui se veut accrocheur, choquant et humiliant.
"Taulard" est un mot qui ne figure pas dans mon vocabulaire, et en près de 20 ans d'activité bénévole dans le milieu carcéral, personne ne m'a jamais entendu prononcer ce mot.
Si, de par mon activité de référent prison-justice de la Croix-Rouge, je suis impliquée dans la lutte contre la précarité en prison, et si je suis effectivement sensibilisée aux conditions de détention, mon activité en tant que Présidente de l’association, "la Petite Maison" est exclusivement tournée vers les familles.
Je suis effectivement touchée par la situation de ces parents gênés venant voir un fils, parfois très jeune, en prison. Je suis touchée par ces femmes, souvent accompagnées d'enfants, parfois enceinte, qui font de longs trajets pour venir voir pendant 40 minutes leur mari ou leur compagnon incarcéré. Je suis touchée par ces enfants qui font un dessin avant d'aller voir papa en prison.
Ces familles sont souvent stigmatisées, montrée du doigt ou totalement ignorées. Elles ne sont coupables de rien, juste des victimes collatérales auxquelles personne ne pense.
La vingtaine de bénévoles qui m'entoure et moi-même n'avons d'autre but et d'autre ambition que d'accueillir dans le respect, la bienveillance et le non-jugement, ces familles dont la vie est pour un temps plus ou moins long, bouleversée par l’incarcération d'un des leurs.
C'est le mot famille, ou proche, que j'aurai aimé voir dans ce titre que je trouve inadapté et déshonorant"
Le journal a réagi très vite, changeant aussitôt le titre sur son site internet.
Mais mon "droit de réponse" ne figurait pas hier dans l'édition papier.
Je n'avais nullement l'ambition d'être la Tarn et Garonnaise de l'année. Figurer parmi les "personnalités" qui ont marqué l'année 2023 était déjà une surprise et une reconnaissance. Mais il est évident qu'avec un titre pareil, je n'allais pas recueillir les voix des lecteurs.
D'emblée, je n'avais aucune chance car dans les 10 personnalités, il y a deux rugbymen et le rugby, à Montauban et dans le Tarn et Garonne, c'est une institution. Face à eux "je ne fais pas le poids".
Je suis quand même ravie de voir que dans cette sélection figure aussi mon amie Françoise et voir deux bénévoles Croix-Rouge remarquées, c'est déjà une belle victoire.
Vous pouvez quand même si vous le souhaitez voter pour moi, juste pour faire un peu décoller le score.