J'ai lu : le Goncourt 2019
S'il m'arrive de lire un livre primé, ce n'est jamais le fait qu'il ait reçu le Goncourt, le Renaudot ou autre qui me le fait choisir.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas souvent d'accord avec les jurys des prix littéraires. Pas le même goût en matière de style peut-être, ou pas la même sensibilité.
Ce n'est donc pas parce qu'il a reçu le prix Goncourt que j'ai lu ce livre.
La première fois que j'en ai entendu parler, c'est par une bénévole de mon association "la petite maison" qui connaît bien sûr mon intérêt pour le monde carcéral.
"Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" n'avait pas encore reçu le Goncourt. Puis une seconde bénévole m'en a parlé...
Prêté par l'une d'elles, il fallait donc que je le lise.
Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans une prison de Montréal où il partage sa cellule avec Horton, emprisonné pour meurtre. Horton, c'est un biker aux gros bras, fou de Harley mais qui s'habille en dimanche quand sa mère vient le voir et s'évanouit quand on lui coupe les cheveux.
C'est petit à petit, au gré de ses réflexions, en remontant le temps qu'on reconstruit la vie de Paul et ce n'est presque qu'à la fin du livre qu'on connaît la raison de son incarcération.
Paul, c'est le fils d'un pasteur protestant danois, d'abord habité par le doute puis qui a perdu la foi, devenant rapidement addict aux jeux, ce qui le mènera à sa perte.
Sa mère, passionnée de cinéma, a géré une salle de cinéma à Toulouse, une salle dont la programmation choque son pasteur de mari et mènera à la séparation du couple.
Après leur séparation, le père s'envolera vers le nord du Canada où Paul ira le rejoindre.
Paul a épousé Winona, une douce compagne, mi Irlandaise, mi indienne (algonquine) très attachée à ses racines et pilote d'hydravion assurant de lac en lac le transport de passagers et de marchandises.
Paul est sureintendant à l'Excelsior, une résidence dans laquelle il assure les fonctions de concierge, de gardien, de maintenance des installations, d'entretien des ascenseurs et de la piscine mais aussi de "réparateur d'âme", de soutien et d'aide auprès des locataires.
Tout change à l'arrivée d'un nouveau gérant. Paul va alors être en butte aux arbitraires, aux contrôles, aux humiliations. L'inévitable se produit, et sa vie bascule...
Dans ce roman, on a tout et son contraire : la prison, la promiscuité, et la liberté du vol en aéroplane, les mines d'amiante et l'église ensablée dans les dunes d'une plage, le bruit et les cris des baagarres entre détenus puis le silence et le son de l'orgue, la vie au quotidien et la mort de ceux qu'on aime, l'humain et l'inhumain.
Après avoir lu ce roman, j'ai découvert une très belle interview de son auteur, Jean Paul Dubois, né à Toulouse, et qui, à 70 ans vit toujours dans la maison de son enfance.
Je ne sais pas si j'aurais décerné le Goncourt à ce roman, mais j'ai néanmoins pris plaisir à le lire.